« Un corps encense son étrangeté qu’il accepte de ne pouvoir circonscrire, se démène pour outrepasser l’accident, s’obstiner plus loin que la menace. Entre l’envie de rester là, d’entendre les protections des rivières et celle de se laisser aller à l’éloignement, de se heurter aux lointains, il sonde et expérimente l’indicible qui émancipe. Son palais est fait de ces revers, de ces informes qui bouleversent un ordre brodé d’étroitesse. Les silences n’y sont pas douloureux, ils ouvrent la porte à la possibilité d’un voyage où la conscience de l’environnement est plurielle, est centre de gravité. […] La mosaïque de fragments que compose ce livre, bien qu’elle puisse avoir l’étoffe d’un recueil achevé, n’est en fait qu’un avant-propos, l’ébauche d’un récit se voulant total. On peut d’ailleurs se questionner quant à la possibilité d’atteindre avec justesse les manifestations physiques de l’abstraction que commande la création d’une oeuvre comme celle-ci. L’essentiel reste à dire, à prouver ou à taire. Aucune résolution n’est possible, n’arrive à constituer une unité de sens satisfaisante à laquelle on pourrait apposer un véritable point final. L’auteure n’a qu’une certitude, et celle-ci, pour l’instant, lui suffit : Nous aurons de quoi vivre ». — Charlotte Francoeur.
Éditions du Noroît, Coll. Omri, 2018.